[ÉDITO] FHF – SCANDALE SEXUEL : LES FAILLES COMMUNICATIONNELLES ACCUSÉES DANS LA GESTION DE CE DOSSIER.
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[ÉDITO] FHF – SCANDALE SEXUEL : LES FAILLES COMMUNICATIONNELLES ACCUSÉES DANS LA GESTION DE CE DOSSIER.

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Si une société se dit démocratique et donc de droit, c’est parce que l’individuel est banni au profit du collectif et que le culte de la personnalité est à déraciner pour sauvegarder le souci de toujours se diriger vers le bien-être collectif.

Ce n’est plus, donc, un secret de polichinelle pour personne, que si les médias étaient des tribunaux : ” Dadou Jean Bart serait à date un inculpé “. En effet, depuis le 30 avril dernier, à la suite de la publication d’un texte résultant d’une enquête de trois journalistes, dont Romain Molina dans les colonnes du respectueux journal “The Guardian”, de lourdes accusations jonchent les deux décennies de règne de l’homme fort du football haïtien. Citons entre autres harcèlement, viols et fraudes.

Dans ce déni de réalité, la société n’a plus besoin de savoir si Dadou était un « Papa bon cœur » ; mais il lui est urgent d’être rassurée du respect et de la protection des valeurs institutionnelles; ainsi, toute riposte, soutiens sensationnels et/ou sentimentaux ne sauront atténuer l’angoisse avec laquelle les mères, pères de famille, les frères, soeurs, cousines et fans de foot lorgnent le dénouement escompté de cette affaire.

En ce sens, les multiples manoeuvres communicationnelles de Dadou ou de son clan-alliés, sympathisants, collègues, amis et familles – telles qu’elles sont faites, n’aident absolument pas la société haïtienne à être en confiance. Et l’explication dans ce contexte n’est pas une logique nécessaire pour remédier à une incapacité de comprendre.
En guise de riposte, le clan Dadou (op.cit.) ne cesse d’essayer de rediriger les vagues dans l’autre sens ; c’aurait du moins été de la bonne guerre si toutefois les sorties bâclées respectaient le sens de la logique et des valeurs républicaines. Les démarches, sont-elles adéquates et adroites ? Quels devraient être l’attitude du clan Dadou (Ndlr.) face à cette situation?
Nos appréciations de ses réactions nous montrent de graves tâches de faiblesses et de failles cuisantes (communicationnellement surtout).

La guerre ouverte contre Molina/attaque personnelle (oubliant les autres enquêteurs)

Dans une note ripostant aux allégations présentées dans l’article du journal “The Guardian“, la FHF s’est laissée sombrer dans une trivialité pitoyable en se livrant dans une contre-attaque ciblée à l’endroit de la personne de Romain Molina (la personne qui se montre dans une vidéo sur youtube, dit-elle dans la note), le pire, elle omet délibérément les co-auteurs de cette enquête. Selon ce qu’on peut voir, la structure suprême du foot haïtien n’a pas été tendre avec le co-auteur de cette enquête (Molina) dont elle remet en question les qualifications académiques et professionnelles, la probité et le sérieux dans le domaine. La structure se lance dans «l’Argumentation ad personam », autrement dit : des arguments portés sur la personne même de l’interlocuteur, généralement dans un objectif de disqualification. Quant on s’attaque à la personne physique à cause de son oeuvre, on fait montre d’une atteinte sérieuse de cette œuvre sur soi. La FHF pouvait nous faire grâce de cette démarche malencontreuse qui ne fait qu’alourdir les soupçons de véracité du contenu de l’enquête.

Juger le média

Il serait plus fiable, plus limpide que la FHF omette de faire douter de la notoriété du canal (The Guardian). Sans qu’on ait besoin de louer ici le statut de ce journal, on peut sans crainte d’être démenti dire qu’il n’ait été d’aucune utilité -sinon défavorable- de mettre en doute l’impartialité du journal. Nous épargnons de ce chemin plat, serait de bonne augure. La FHF aurait pu utiliser cette énergie à des fins plus rassurantes et plus professionnelles.

Les communiqués truffés d’incohérences

Nullement, n’avons-nous l’intention de juger les structures syntaxiques et stylistiques du texte responsif de la FHF à TG. Mais, en regardant de près, les précipices qui hantent le numéro 1 de l’institution (FHF) semblent affecter le sang-froid des producteurs et signataire de ce texte. D’abord, rien que par décence, le principal concerné, signant le texte responsif et du coup l’endossant au nom de la FHF, aurait dû se taire et même se retirer, tout au moins temporairement, des lentilles afin de faciliter le travail des institutions concernées qui vont, espère-t-on, au nom de la dignité humaine, enquêter sur ces graves révélations entachant le baron de la FHF. Sans compter les incohérences dues à l’utilisation des pronoms personnels et groupes nominaux sujets luttant comme dans une arène à l’intérieur du texte pour converger en divergence vers un signataire absent ; sans aucun doute, la FHF est capable de s’élever au dessus de ces failles; on en est plus que certain !

Les messages de soutien trop affectifs, et révélateurs d’un malaise

L’un des grands pièges que les commentateurs se doivent d’éviter, c’est le mépris pour la société en général et particulièrement pour les présumées victimes, en particulier (des fillettes) ; le tout, au profit d’un homme, un nom, une carrière !!! Le voir se disculper est notre souhait, pour l’institution avant tout car, cette dernière porte, que l’on le veuille ou non, son empreinte après ces vingt années de règne. Mais, il nous faut montrer notre sensibilité, sans hypocrisie, pour cette société déjà en putréfaction. Et cette dernière, n’est pas qu’un dirigeant de football, elle est aussi bien un “kokorat” au carrefour de la résistance, une marchande de noix grillé sur le trottoir braquant prèsque tous les passants pour qu’ils viennent lui donner 10 gourdes en échange d’un verre afin qu’elle puisse rentrer à la maison et “touye vè nan vant timoun yo”, c’est aussi un chauffeur de Tap Tap sous un soleil effrayant de midi en sueur, cette société c’est nous, le nous collectif !

Il est donc impérieux que les expressions sentimentales et d’appartenance, faisant grand poids dans les messages de solidarité, n’anéantissent pas les possibilités et même l’injonction que lumière soit faite sur ce dossier.

Ce postulat individualiste, qui a tendance à personnifier les institutions, constitue sans doute un mal qu’il faut endiguer. On s’accroche constamment pour se servir de bouclier. On est donc dans le soupçon bien évidemment. Et le verre est à moitié vide, moitié rempli ; l’un des moitiés est à l’institution et la société. Cela dit, il ne faut absolument pas tout casser.

Pierre-Paulsonn Devilien / FOOTKOLE


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