ANALYSE : YVES JEAN-BART, LA DESCENTE AUX ENFERS D’UNE LEGENDE VIVANTE
Horrible stupeur à l’état pur ! Accusé par The Guardian d’abus sexuel sur des gamines de moins de 18 ans, la légende Yves JEAN-BART n’est plus en odeur de sainteté aux yeux de la société. Pire encore, ‘’DADOU’’, de son sobriquet, vient d’être banni de la présidence de la FHF par la FIFA pour une période de 90 jours. En fin de compte, ses 52 ans de carrière de journaliste et 20 ans à la présidence de la FHF risquent de partir en vrille avec cette sale affaire. Un véritable cataclysme !
Pour les plus de 25 ans, le simple fait d’évoquer le nom de Yves Jean-Bart ramène à plusieurs images et anecdotes radieuses digne d’une carrière mémorable et légendaire. Parler d’Yves Jean-Bart, il y a tout juste 4 mois, revenait à parler du portrait atypique du journaliste sportif parfait. En un demi-siècle, Yves Jean-Bart a su se forger une réputation que nul ne saurait souiller. L’ancien Secrétaire général de la Fédération haïtienne de football est un patronyme synonyme d’excellence et de symbole du professionnalisme. Membre fondateur et dirigeant de l’As Tigresses / Tigers, dirigeant de l’Aigle Noir AC du Bel-Air et de l’orchestre Tropicana, Yves Jean-Bart s’est fondu avec le football et sa carrière comme président peut en témoigner. Cependant, la fin de sa carrière n’annonce rien de bon et risque de fondre comme de la neige au soleil. Hallucinant !
Un des meilleurs journalistes sportifs de tous les temps
Plus d’un se mettent d`accord sur cette idée, Yves Jean-Bart fait partie des meilleurs journalistes sportifs haïtiens de tous les temps. Pour Smith Griffon, fin connaisseur de Jean-Bart, Dadou peut-être considéré comme une encyclopédie ambulante grâce à sa mémoire d’éléphant.
<< Yves Jean-Bart fait partie des meilleurs journalistes sportifs haïtiens de tous les temps. Il a fait la presse parlée, écrite et télévisée. Il se distingue par sa bonne plume et sa capacité d’improviser.>>, a avancé Smith Griffon avec un esprit admirateur.
Dans son travail de journaliste, Yves Jean-Bart a été contraint à l’exil à quatre reprises, faute à ses reportages percutants. Les aînés de la presse comme : Raymond Jean-Louis, Roc Beaubrun, Bermahn Gay, Jean Charles Molière Louis ne retiennent qu’une bonne plume et une facilité langagière incroyable. À l’époque où la dynastie Duvaliériste menait la danse, faire du journalisme était tout sauf facile, mais Yves Jean-Bart a pu sortir du lot et briser la glace. Ses travaux dans le quotidien Le Nouvelliste résument qualité et compétence. Yves Jean-Bart, sans contestation, fait partie des meilleurs.
2000-2020, 20 ans de succès
En 2000, après son mandat en tant que Secrétaire général de la FHF, Yves Jean-Bart entamait son premier mandat en remplacement de Kyss Jean Marie à la tête de la Fédération haïtienne de football. Depuis, souvent seul candidat en lice, Dadou n’a jamais eu d’embûches pour décrocher d’autres mandats consécutifs. Comme dit le vieux proverbe « Petit à petit, l’oiseau fait son nid », après son premier mandat, d’autres se sont succédés. Cette année (2020), Yves Jean-Bart a pu franchir la barre symbolique des 20 années passées à la tête de la fédération. Ces années à la tête de la FHF lui ont permis de façonner une carrière symbolique et honorifique.
Depuis son intronisation à la tête de la fédération, des avancées considérables en matière de football ont été remarquées. À l’instar des performances héroïques de la sélection féminine et sa fameuse qualification pour une coupe du monde ; le chemin épique de la sélection masculine en Gold Cup ; l’implantation d’une académie se vouant à la formation des jeunes athlètes haïtiens. Telles sont des réalisations à retenir. Insuffisantes pour 20 ans, ces réalisations prouvent tout de même une petite marge de progression en terme de comparaison par rapport aux années 1900…
De la gloire au débâcle
Malgré ces instants de gloire à la tête de la FHF, les bonnes œuvres n’ont pas suffi pour étouffer des faits jugés louches par certains. Ces derniers mois, des dossiers compromettants ont fait surface et laissent planer le doute sur le professionnalisme d’Yves Jean-Bart. Depuis, plus d’un se questionnent sur la véracité de ces informations et commencent à douter de la transparence du cartel géré par Dadou Jean-Bart. Selon eux, le cartel Yves Jean-Bart sait mettre sur le boisseau la vraie face de l’académie Camp Nous et la gestion scabreuse de la FHF. Ainsi, le syndrome parfait du professionnalisme est en passe de plonger dans le néant et connaître un véritable débâcle.
La chute vertigineuse
L’histoire débuta en décembre dernier où l’ancien international haïtien Ernso Laurence a décidé de se porter candidat à la présidence de la FHF et casser les reins de Yves Jean-Bart. Pour conforter sa potentielle candidature, Hérode Noël, de son nom d’enfance, a effectué des révélations fracassantes portant préjudice à la gestion du cartel. Parmi ces révélations assourdissantes, Ernso Laurence a dénoncé des gabegies administratives gangrenant à plusieurs niveaux la gestion de la FHF. Des accusations liant la fédération à de possibles détournements de fonds ont été évoquées, lesquelles accusations qui seront plus tard soutenues par un youtubeur français, Romain Molina.
Dans la foulée, le board de la FHF multipliait des sorties pour apaiser les accusations du Directeur du Parc Sainte-Thérèse, Ernso Laurence. Moins d’un mois après les révélations fracassantes de Laurence, le youtubeur Romain Molina a dézingué la FHF dans une vidéo de plus d’une quinzaine de minutes en intitulant sa vidéo « le football haïtien pris en otage » de quoi confirmer le cri o népotisme et autres accusations de Ernso Laurence.
Sans de véritables issues, ces accusations ont eu tout de même des retombées négatives sur la fédération. Pour dissiper les esprits douteux, la FHF a publié une vidéo montrant les réalisations de la fédération depuis la montée de Yves Jean-Bart. Mais ce n’était que le début du feuilleton. Romain Molina a annoncé la couleur et une panique générale sévissait le monde du football haïtien.
Le pire arriva
S’il s’en était sorti indemne aux accusations de corruption proférées à son encontre par Romain Molina début janvier, Yves Jean-Bart actuellement confronte à des accusations beaucoup plus sérieuses qui risquent de lui coûter sa liberté. Le 30 avril dernier, le très prestigieux journal britannique « The Guardian », dans un article rédigé par Ed Aarons, accuse Yves Jean-Bart d’agressions sexuelles sur joueurs et joueuses. C’est comme une bombe plus meurtrière que celle d’Hiroshima, c’est une histoire à glacer le sang, la société haïtienne n’en revenait pas. Ne serait-ce que pour ça, ça valait la peine de trouver la vérité.
À toutes jambes, depuis la publication de l’article, des voix de tous parts montaient au créneau pour corroborer les accusations promulguées par ” The Guardian”. Des anciennes footballeuses, des anciens collaborateurs du cartel, des journalistes sont, entre autres, des voix qui se sont unies pour dénoncer les actes mafieux du cartel géré par Yves Jean-Bart.
Selon un journaliste sportif chevronné de la radio Ibo « Roody Thomas Sanon », Yves Jean Bart a mis au monde au moins 4 enfants avec trois anciennes gloires du football féminin. Du haut de ces 4 enfants, le dernier est âgé de 5 ans, toujours selon le journaliste. Cette information n’a fait que jeter de l’huile sur le feu et créer un peu plus de Bazar. Pourtant, dans une émission animée par Jean Monard Metellus, Yves Jean-Bart avait déclaré qu’il avait une altération de sa fonction de reproduction il y a plus que dix ans (pa gn bann). Qui devrait-on croire ?
Cependant, Yves Jean-Bart n’a guère cessé de clamer son innocence par rapport à cette situation affreuse. Dans une note éditée par son porte-parole, Yves Jean-Bart a martelé ceci : ” Le Dr Yves JEAN-BART, Président de la Fédération haïtienne de football, continue de rejeter les accusations sans fondement à son encontre”, tels étaient les mots du porte-parole.
Sali sur les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, les commentaires n’ont pas tardé à pulluler après l’article de The Guardian. S’il est difficile de vérifier la véracité de certaines informations sur le net, les publications faites corroborent certaines accusations faites par The Guardian. Sur Facebook, twitter, instagram et sur les forums whatsapp, des anecdotes de tous parts ont fait surface. Toutes dans la même idée qu’Yves Jean-Bart serait bel et bien un abuseur sexuel. Si avant, on aurait surnommé Yves Jean-Bart ‘’ le petit père de la communauté footballistique’’. À présent, vues les accusations qui planent autour de lui, la donne a bel et bien changé. Même la FIFA a ôté son soutien.
Banni de toutes activités footballistiques
Prise au pied du mur par l’enquête du journal anglais, la FIFA s’est finalement prononcée sur le dossier par le biais de sa commission d’éthique. Si plus d’un pensaient que la FIFA ne serait impartiale sur ce dossier au regard de l’amitié qui lie Yves Jean-Bart et Gianni Infantino, la chambre d’investigation de la commission d’éthique a décidé de bannir Yves Jean-Bart pour 90 jours de toutes activités footballistiques.
Conformément aux articles 84 et 85 du code d’éthique de la FIFA, cette sanction a été imposée au septuagénaire dans le cadre de l’enquête minutieuse que réalise la FIFA. Du bout des lèvres, le concerné s’est plié aux recommandations de la plus haute instance de football dans le monde. Dans la mêlée, un groupe de personnes se frottent les mains suite à cette décision et tirent les marrons du feu.
Salie, badigeonnée, souillée, salopée, la réputation de Yves Jean-Bart se trouve désormais en chute libre et ne tient qu’à un cheveu. De légende vivante à présumé abuseur sexuel, la courbe logarithmique de l’honneur de Dadou poursuit une chute abracadabrante et file tout droit vers un purgatoire presqu’inévitable.
Daniel Jean / FOOTKOLE