FOOT – LÉGENDES : HENRI FRANCILLON, LA GLOIRE AU BOUT DES GANTS
Dans le football, bien que collectif, des individualités se démarquent de par leurs qualités exceptionnelles et font figure d’icônes. Si la gloire est souvent attribuée aux attaquants, des gardiens de but se sont illustrés et sont devenus immortels. Dans le football haïtien, Henri Francillon a fait de ce poste une oeuvre d’art et a porté la gloire au bout de ses gants.
Dans la lignée des Fedherbe Mews qui évoluait au Violette AC, des Michel Blain de l’Aigle Noir AC ou encore de René Vertus du Racing Club Haïtien, Henri Francillon est l’un des portiers qui a émerveillé les amateurs du ballon rond en Haïti. Plus que ces derniers, il est allé exposer son œuvre à la face du monde pour encore une fois prouver à tous l’étendue des talents que possédaient Haïti.
Né le 26 mai 1946, Henri Francillon, dit “Yoyon”, du haut de son 1 mètre 82, il a porté les couleurs du Victory Sportif Club sous les ordres de Franck Civil. Et c’est bien dans ce club du Bas-Peu- de-Chose qu’il commença à construire sa légende grâce à ses parades, son agilité, son habilité déconcertante à repousser, bloquer et capter des ballons dangereux, mais aussi sa fermeté et son sens de responsabilité. Portier de première classe, Henri avait auparavant évolué comme attaquant avant de se convertir en gardien de but.
Légende authentique du football haïtien, il porta les couleurs de la sélection haïtienne à 26 reprises entre1968 et 1977, obligé parfois à jouer avec la clavicule gauche blessée, le bras douloureux. Véritable virtuose des cages, ce dernier fit partie de la sélection de la CONCACAF qui disputa la Coupe de l’indépendance (minicopa) au Brésil en 1972, pour célébrer les 150 ans de l’indépendance du Brésil. En dépit des scores fleuves encaissés par la représentante de la CONCACAF (16 buts encaissés), ce dernier a été ovationné par le public.
Toutefois, la légende Francillon allait réellement s’écrire en lettres d’or, deux ans plus tard à Munich (Allemagne), lors de la Coupe du monde de 1974 où ce dernier a ébloui le monde entier par sa classe. En effet, si le but de Manno Sanon contre Dino Zoff a marqué à jamais l’histoire de la Coupe du monde, Henri Francillon a ébloui le public par sa personnalité et ses performances. Ce dernier multipliait les arrêts les plus exceptionnels que les autres et les sorties magistrales. Avec une détente hors du commun, des relances des mains et des pieds précises et sûres, il a sorti toute la panoplie. Exceptionnel, Henri a même été désigné meilleur gardien du premier tour de la coupe du monde, éclipsant le grand Dino Zoff.
Brillant, ce dernier a pu décrocher un contrat dans l’équipe allemande de TSV Munich 1860 après le mondial, même s’il n’y resta pas longtemps en raison du choc culturel et autres difficultés d’adaptation avant de retourner au Victory Sportif Club.
Doté d’un palmarès exceptionnel, Henri Francillon, du bout de ses gants, a touché la gloire et la consécration mondiale. Il a ciselé son oeuvre dans les cages et goûté en toute légitimité d’une immortalité méritée.
DOMOND WILLINGTON / FOOTKOLE