ANALYSE : COMITÉ DE NORMALISATION SUR HAÏTI, LA FIFA TÂTONNE ?
Après le vaste scandale d’abus sexuels et de viols sur mineures au sein de la Fédération haïtienne de football, la FIFA a frappé fort en bannissant à vie le président de la FHF et en annonçant la mise en place d’un comité de normalisation pour gérer le football haïtien. Depuis lors, l’instance suprême du football mondial semble s’enliser dans un interminable tâtonnement en ce qui a trait au dit comité.
La FIFA a officiellement mis fin à un règne de 20 ans du docteur Yves Jean-Bart à la tête de la fédération avec l’annonce de la mise en place d’un comité de normalisation muni d’une feuille de route bien définie. Composé de quatre membres et présidé par l’ancienne gouverneure du Canada, le dit comité avait, entre autres, pour tâche d’assurer pendant deux ans la gestion de la FHF et d’organiser les élections pour la mise en place d’un nouveau bureau fédéral.
Avant même de poser ses premiers actes concrets, le comité de normalisation a déjà subi des modifications, moins de deux semaines après son entrée en fonction. En effet, madame Michaëlle Jean a semble-t-il refusé le poste de présidente, ce qui a occasionné des changements au sein du comité. Il compte désormais trois membres avec Jacques Letang comme nouveau président, Madame Monique André et Yvon Sévère comme membres. Une modification qui n’était pas prévue par la FIFA et qui montre peut- être une certaine légèreté voire un tâtonnement dans le cas D’Haïti.
De plus, la FIFA a annoncé, contre toute attente, la création d’un comité consultatif chargé de soutenir le comité de normalisation dans ses travaux. Sa mise en place a été décidée après consultation d’experts et “compte tenu des défis du football haïtien”. Ceci sous-entendrait donc que la FIFA n’avait pas au préalable mesuré les enjeux et l’intensité des défis du football haïtien. Une analyse peu approfondie qui a chamboulé les premiers plans de la FIFA, désormais obligée de modifier la composition du comité de normalisation et d’intégrer d’autres acteurs (institutions et organisations de la société civile) dans la gestion du dossier de la FHF.
Le constat est donc clair. Si dans les premiers moments, la FIFA s’est montrée sereine, méthodique et sûre d’elle-même dans ses prises de décisions, elle semble avoir sous- estimé certains paramètres cruciaux qui l’ont poussé à réviser ses plans et à se perdre dans un tâtonnement en ce qui a trait à ses choix pour la gestion du cas d’Haïti.
La FIFA, comme d’autres avant elle, a sans doute oublié qu’en toute chose, Haïti est un “cas à part” défiant parfois la logique communément admise.
DOMOND WILLINGTON / FOOTKOLE