FOOT – ANALYSE: QUE FAIRE POUR FREINER LA VIOLENCE DANS LE FOOTBALL HAÏTIEN ?
Dans le football haïtien, si les amateurs nourissent une passion intacte pour le jeu en soi, les actes de violence à l’endroit des arbitres et des joueurs sont monnaie courante et s’apparentent à un leitmotiv assumé et quasi- accepté. Mais que faire pour freiner ce phénomène qui ronge le sport-roi en Haïti?
Dimanche dernier, un énième acte de violences a été enregistré au parc Bayas lors de la réception du Racing FC des Gonaïves par l’AS Mirebalais. En effet, José Augusto Médina, l’un des joueurs du Racing FC, a été agressé physiquement. Un cas parmi d’autres répertoriés dans le football haïtien. Par exemple, sur le même terrain, lors de la même opposition, le 5 décembre 2017, l’arbitre central Adonis Sterlin a été passé à tabac. Il faut aussi rappeler le match opposant le Valencia de Léogâne au Racing des Gonaïves qui avait poussé les Léoganais à abandonner le championnat, l’an dernier.
On peut encore se référer au derby Jacmelien de la saison dernière entre le Victoria FC et l’ASSE au cours duquel une bagarre générale a éclatée entre les joueurs et les fans des deux équipes dans une ville réputée hospitalière et paisible. Bref, sur presque tous les terrains de football en Haïti, l’enjeu semble prendre le pas sur le jeu et la violence devient un moyen efficace pour l’équipe locale de remporter à tout prix les trois points. Entre coups, blessures et injures graves à l’endroit des arbitres et des équipes visiteuses, le football haïtien baigne dans une atmosphère puant de violences aveugles ” normales” pour nombre de fans et de dirigeants de clubs.
Et Les arbitres face à cette situation ?
Si certains arbitres ont tenté à maintes reprises de dénoncer ces actes de violences, la réalité est que la majorité d’entre eux, victimes ou pas encore, semblent l’accepter et continuent à utiliser leur sifflet sur tous les terrains comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Bizarre, n’est-ce pas ?
Que faire alors dans ce cas ?
Si les arbitres semblent impuissants face à ce phénomène de violences perpétuelles sur les terrains de football en Haïti, c’est peut-etre en quelque sorte parce que l’instance suprême semble afficher une certaine complaisance vis-à-vis de certaines équipes et a des réactions non proportionelles au niveau de violences vues dans les stades de foot.
Il faut donc une prise de responsabilité des dirigeants de la Cochafop qui doivent avoir le courage de prendre les décisions qui s’imposent à l’endroit des équipes dont les fans ou les membres font preuve de violences lors des matchs. Il faut appliquer avec rigueur les sanctions prévues dans le protocole du championnat et y prévoir d’autres mesures de correction plus sévères pour dissuader les équipes et leurs fans à utiliser la violence.
Par ailleurs, la Cochafop pourrait exiger plus de sécurité sur les terrains de football sous peine de sanctions. Ces mesures pourraient aller de la présence de personnels de sécurité sur les terrains à la mise à l’écart de certains terrains ne respectant pas les normes de sécurité ( distance reglementaire entre les joueurs et les fans sur les terrains, par exemple), la suspension, la réduction de points et l’exclusion même de certaines équipes du championnat.
Enfin, les dirigeants de clubs, quant à eux, pourraient mettre en place des campagnes de sensibilisation pour inciter leur public à faire preuve de plus de fair-play et respect de l’adversaire et des arbitres de football et interdire même l’entrée sur les terrains des fans ayant commis des actes de violences répétés sur leur terrains.
Des mesures incitatives qui pourraient aider à éclaircir l’univers du football haïtien pollué par les actes de violences. Car, pour inverser cette tendance, il faut avoir le courage de dire non à cette violence dans les stades et la volonté d’agir en ce sens.
DOMOND WILLINGTON / FOOTKOLE