HAÏTI – COVID-19 : L’hécatombe à craindre?
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HAÏTI – COVID-19 : L’hécatombe à craindre?

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Ce mardi 13 avril 2020, Haïti compatit à la douleur de trois familles victimes par le coronavirus. Avec trois morts à son actif, ce qui représente environ 9% des infectés, le pays est en passe de plonger dans un profond désarroi. Entre faiblesse et mesures drastiques tardives, l’État haïtien n’est plus. De surcroît, tenant compte de la létalité de la maladie, ajoutée à l’ignorance et l’incrédulité de la population, vaincre cette épidémie parait fictif et rempli de surréalisme.

Au-delà de toutes les idées reçues dont celle selon laquelle les noirs seraient immunisés contre le coronavirus, cette pandémie circule presque qu’à la vitesse d’un matériel ambulant, sans embûche; ce qui nous rend quasi-impuissant quant aux stratégies d’un possible contournement. Triste fait, indécis et pris au dépourvu, on va devoir s’adapter pour vivre avec. Dans cette guerre que nous livre le Coronavirus avec acharnement depuis tantôt un mois, malgré son côté fair-play, 40 soldats sont déjà touchés. Cependant, aussi bizarre que cela puisse paraître, la population haïtienne continue de minimiser cette maladie que même les puissances étrangères considèrent comme un fléau mondial. Rien qu’au regard des faits et de notre situation, gagner la bataille contre le coronavirus semble improbable. Périr massivement du coronavirus parait inéluctable.

Plus de deux millions d’Haïtiens risquent la mort en cas d’infection

Rien que sur notre territoire, environ deux millions d’haïtiens risquent de dire adieu à la vie en cas d’une éventuelle contraction du coronavirus. En raison de l’hyperglycémie, de maladies cardiovasculaires, du sida, de la tuberculose et de surpoids, deux millions d’haïtiens sont fragiles; y compris ceux qui sont dans la fouchette d’âge de quarante-cinq à soixante-cinq ans. Notre population est au bord du précipice et nos morgues ne pourront pas supporter le tonnerre qui s’apprête à arriver. Création des fosses communes? Au moment où nous parlons, des dirigeants communautaires n’ont aucune idée du protocole de prise en charge des probables personnes décédées.

Des cas positifs déambulent dans les villes

Il y a, à date, un fait dont on est certain: des cas positifs de coronavirus sont présent dans les villes du pays. À La Vallée de Jacmel, une des communes touchées, une frange de la population a empêché à Kesnel de prévenir les habitants sur la maladie par le fait que la personne testée positive du covid-19 dans la commune y ait été toujours. Aucun représentant de l’autorité étatique n’a visité ni porté soutien à la personne porteuse du virus. Dieu seul sait le nombre de personnes ayant été en contact avec ce dernier. Etant un virus qui se transmet humainement, les faits corroborant l’idée que des cas positifs déambuleraient comme la belle aux bois dormant dans les villes en Haïti serait une hypothèse plausible.

Infectés, risqués d’être lynchés

Testés positifs du coronavirus est d’une part, un risque à encourir, une honte à cacher. Plus d’un se rappellent la situation du professeur Nelson Bellamy après avoir annoncé s’être mis lui-même en quarantaine à cause de symptômes proches du virus. Après une telle annonce, une tentative de lynchage hantait le professeur et ce dernier a dû demander son évacuation en urgence. À La Vallée de Jacmel, des personnes ont été furieuses et prêtes à semer la pagaille après avoir appris qu’un habitant de la ville fut testé positif. En foi de quoi, le ministère de la Santé doit tout faire pour respecter la confidentialité des personnes porteuses du coronavirus au risque de se faire lyncher par la populace.

L’État haïtien, symbole du failli

À nos jours, l’État semble impuissant par rapport à la situation. Au prime abord, le gouvernement a mis du temps, même trop de temps pour annoncer des mesures drastiques pouvant empêcher la propagation rapide du coronavirus. À ce jour, tenant compte des personnes victimes du coronavirus, l’appel au confinement général n’a pas encore été lancé. De plus, la population rejette d’un revers de main, à partir de ces actes, les couvre-feux lancés par le gouvernement. Haïti s’installe dans un vrai carcan et L’État empêtré.

L’ignorance monte d’un cran

La population poursuit sa série d’ignorance. Des orchestres ambulants sévissaient quelques zones dans la commune de Carrefour réunissant presqu’une centaine de personnes, la musique fut mélodieuse et s’arrêta jusqu’au chant du coq. Si des églises ont fermé leurs portes, d’autres ont choisi de se réunir en cellule de dix parfois vingt afin de prier le bon Dieu. Dans les marchés et les banques commerciales, le constat est criant et fait automatiquement réfléchir.

Si toutes les puissances étrangères se mêlent de la partie pour éradiquer le covid-19 chez elles, Haïti, de part les faits et sa réalité matérielle d’existence, ne peut oser s’inscrire dans une guerre contre la pandémie. Passivité et faiblesse de L’État, la dangereuse ignorance et le barbarisme de la population font croire que la première République noire du monde s’apprête à se faire tabasser par une épidémie qui peut tout ravager sur son passage. Vaincre le Covid-19 parait impossible.

Daniel Jean / Footkole


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