ANALYSE : HAÏTI EST-ELLE TAILLÉE POUR LA LIGUE A DE LA CONCACAF ?
Au terme d’un parcours sans faute, 12 points sur 12 possibles, la sélection haïtienne de football a survolé la phase de classement de la Ligue des Nations de la CONCACAF. Au passage, elle a validé son billet pour la ligue A. L’on se demande : est-elle pour autant taillée pour l’échelon supérieur ? A-t-elle l’équipe qu’il faut ?
Duckens Nazon, le véritable fer de lance des Grenadiers, le clame haut et fort, après la victoire obtenue contre Cuba au stade Sylvio Cator.
“Haïti n’a peur de personne“, s’est-il exprimé. A-t-il raison d’être si confiant de la force de cette équipe ? Suivez mon regard….
Les Grenadiers se retrouvent dans le groupe D avec le Curaçao et le Costa Rica de Keylor Navas pour le prochain tour de la compétition qui débutera en septembre (2 au 10) prochain. Si des joueurs y croient, cela ne s’annonce pas forcément être une partie de plaisir pour autant.
Tout d’abord, le Curaçao paraît être l’adversaire le plus abordable pour la sélection haïtienne. Cependant, si l’on se réfère à ses derniers résultats, on peut y voir une équipe en nette progression depuis l’ère Kluivert. Les hommes de Remko Bicentini ont été sacrés champions de la Coupe caribéenne des Nations en 2017 en battant la Jamaïque (l’une des meilleures équipes de la zone) par deux buts à un. De plus, ils se qualifient pour la deuxième fois consécutive pour la Gold Cup (chose inédite de leur histoire !) et sont 81eme au classement FIFA alors qu’Haiti est à la 103eme place.
Quant au Costa Rica, il est 37eme mondial et reste l’un des pays les plus difficiles à jouer dans la zone. Véritable bête noire de la Jamaïque et des États-Unis, il a terminé troisième de la dernière édition de la Gold Cup. De plus, la sélection haïtienne ne l’a battu qu’ une seule fois (en 1950) dans son histoire et reste sur quatre défaites consécutives face à cette sélection. Enfin, les Ticos comptent dans leur rang des joueurs évoluant dans de grands championnats européens et jouant régulièrement. À ce titre, on peut citer Keylor Navas (Real Madrid), Bryan Ruiz (Sporting CP), Giancarlo González (Bologne – Italie), Oscar Duarte (Espanyol Barcelone) ou encore Celso Borges (Deportivo La Corogne).
Qu’en est-il des Grenadiers ?
La sélection haïtienne a validé son billet de la plus belle des manières en réalisant un sans faute. Cependant, force est de constater qu’elle n’est pas aussi belle et si forte qu’il y paraît.
Au prime abord, des doutes persistent quant à la compétitivité de l’équipe. Beaucoup de joueurs comme Bryan Alceus, Soni Mustivar, Zachary Herivaud ou encore Alex Christian Junior jouent peu ou pas du tout en club. Qui plus est, ils évoluent dans des championnats de seconde zone.
Johnny Placide, quant à lui, considéré comme le numéro un par le sélectionneur Marc Collat, est sans club depuis des lustres. Malgré tout, il reste l’homme fort de Collat au poste de gardien de but.
Il serait donc pensable de puiser dans le championnat national haitien. Hormis, la qualité du jeu produit par l’équipe qui laisse beaucoup à désirer, le sélectionneur ne semble pas y voir les éléments clés de son système.
Enfin, si l’on se fie à la prestation d’ensemble de l’équipe haïtienne, elle ne paraît pas si imperméable pour des équipes d’un meilleur niveau que Cuba ou Sainte-Lucie. Entre les approximations dans le placement des joueurs en phase défensive et les déchets techniques flagrants dans le jeu produit, elle ne serait pas à l’abri de joueurs de meilleur niveau comme les costariciens. Le haut niveau ne pardonne pas!!
Fort de ce constat, n’y a-t-il pas lieu de douter de la compétitivité des Grenadiers dans l’échelon supérieur de la compétition ? N’est-il pas temps que l’euphorie laisse place à la réflexion sur de véritables perspectives pour la sélection haïtienne ?
On suivra de près le parcours des Grenadiers !
DOMOND WILLINGTON / FOOTKOLE