CHFP 2019 – SÉRIE D’OUVERTURE : À QUOI S’ATTENDRE POUR LA NOUVELLE SAISON ?
Le championnat national de première division reprend ses droits ce samedi 2 mars 2019. Sur tous les terrains du pays, la fièvre du football sondera les esprits et tentera de raviver la flamme du beau jeu et étancher la soif des nombreux mordus du ballon rond. Si certains affichent déjà leur enthousiasme, d’autres par contre observeront à la loupe le déroulement de cette première partie de la saison qui laisse jaillir un scepticisme criant.
Entre le tohu bohu politique et la précarité économique qui gangrènent le paysage social haïtien, le CHFP 2019 se faufile malgré tout dans la tenaille des obligations où 16 formations partiront à la recherche d’un titre de champion national au terme de la saison. La bataille s’annonce très rude parmi l’élite avec des équipes en pleine ascension, on peut citer l’Arcahaie FC ou encore le Don Bosco de Pétion-Ville, et d’autres qui se sont érigées en véritable bête de compétition si l’on se réfère aux récents résultats du vieux Coq Capois, l’ASC. Outre ces clubs pré-cités, il figure cette année le nom d’un centenaire, le doyen des clubs haïtiens, le Violette Athletic Club qui fera son grand retour après deux années passées au purgatoire.
La série d’ouverture du CHFP 2019 sera lancée sur fond de polémique avec la décision de la COCHAFOP de reléguer en D2 le Valencia FC après plusieurs semaines de tergiversations. L’instance organisatrice du championnat avait jugé bon de donner gain de cause au Racing Football des Gonaïves après les incidents enregistrés en décembre dernier au parc Gérard Christophe à Léogâne, où les Vert et Blanc recevaient les hommes de la terre salée lors de l’ultime journée de la série de clôture. Une décision difficile à digérer par les dirigeants léoganais qui qualifient même de vagabondage les agissements de la FHF. La cité d’Anacaona sera une nouvelle fois orpheline de son derby.
Autre point noir en marge de la reprise, c’est le côté financier du championnat. Cet aspect de la compétition reste un mystère pour les observateurs et personne ne sait à combien est élevé le budget pour l’année 2019 des clubs de l’élite. Les dirigeants des équipes rasent souvent le mur face aux questions des journalistes assoiffés et refusent catégoriquement de faire le point. Dans un championnat dit professionnel, ne serait t-il pas de bon ton de dévoiler le montant des contrats des joueurs ? Le salaire des joueurs et entraîneurs ? Le budget de fonctionnement des clubs ? Autant de questions en attente de réponse.
Nul n’est censé ignorer que le pays souffre d’une carence en infrastructures sportives adéquates répondant au standard international. En dépit des divers cris d’alarme lancés, les dirigeants étatiques continuent de faire la sourde oreille et pratiquer une politique déséquilibrée, caractérisée par l’absence d’une vision cohérente pour les générations futures. Ajouté à cela, la passivité du secteur privé des affaires qui préfèrent s’asseoir dans le rang des spectateurs et peinent à financer les projets durables. Les vielles installations sportives servent encore de remparts pour les formations locales et périssent malheureusement à petit feu sous le regard impuissant de nos responsables tiraillés par l’envie de garder vivant les minces espoirs d’un changement, qui vraisemblablement, viendra de la planète Mars.
Haïti fera son grand retour sur la scène mondiale en juin prochain dans la coupe d’or après la terrible déconvenue connue en mars 2017 face au Nicaragua en match de barrages (3-1 à l’aller et 0-3 au retour). Le sélectionneur haïtien MARC COLLAT aura une nouvelle fois l’opportunité de coacher les Bleu et Rouge dans une compétition officielle, plusieurs joueurs locaux feront de leur mieux pour conquérir le cœur du staff technique national dans l’espoir d’une convocation en équipe première. Mais le doute plane sur le niveau réel des joueurs évoluant dans le CHFP par rapport au manque de compétition et plus d’un se demande s’ils seront en mesure de concurrencer les expatriés bien encrés dans le dispositif du technicien français.
En somme, à la lumière de toutes ces considérations on peut se demander si réellement le CHFP 2019 pourra concilier efforts, volonté et difficultés. Au regard de ce tableau triste et décevant, le football longtemps considéré comme facteur de pacification, devra une nouvelle fois s’ériger en véritable colombe dans un contexte pénible où l’année 2019 sera déterminante sur le point électoral.
Suivez mon regard…
Dodley Vincent / FOOTKOLE
