CHFP 2020 – 2021 : DES VIOLENCES DANS LE FOOT HAÏTIEN, MAIS POURQUOI ?
De nouvelles scènes de violences sont à signaler lors du match retour de la finale des playoffs opposant l’Arcahaie FC au Violette AC, ce dimanche 10 janvier, causant des dégâts matériels et entraînant au moins deux morts et des blessures de plusieurs personnes. Un classique dans le football haïtien de ces dernières années. Mais quels en sont les mobiles ? La violence a-t-elle sa raison d’être ?
Depuis de nombreuses années, les scènes de violences se répètent et les victimes sont pléthores. Arbitres, journalistes, joueurs et fans sont l’objet d’injures et d’atteintes à leur intégrité physique lors des matchs de football. Jouer à l’extérieur s’avère être la terreur des équipes pour qui réaliser un match nul est synonyme de victoire et gagner, le risque d’un passage à tabac presqu’ assuré avec ou sans présence de chaînes de télévision. La jungle quoi !
Toutefois, autant de violences devraient logiquement répondre à un mobile puissant. Cette volonté de gagner à tout prix, par tous les moyens, devrait être motivée par une prime des plus alléchantes ou quelque chose de grandiose. Car tout homme doué de bon sens se battrait jusqu’à la mort pour quelque chose de précieux et d’utile, de grande valeur.
Pourtant, après réunion entre les autorités du football haïtien, il a été décidé d’octroyer 1 million de gourdes à l’équipe championne et la moitié au vice-champion. Donc, au delà de la gloire d’être champion ou d’un maintien dans la première division du championnat national haïtien, on se bat et on insulte pour un million de gourdes (200 mille dollars haïtiens) ? Une grosse somme diraient certains. Mais, aux dires de plusieurs dirigeants de club, cette somme est insuffisante et ne peut même pas permettre à certains clubs d’assurer le payroll des joueurs au cours de la saison.
Ainsi, si l’on tient compte uniquement des entraînements, des déplacements, de la logistique, du payroll des joueurs et du staff technique, force est de constater que la prime allouée à l’équipe championne est extrêmement inférieure au budget des clubs du championnat. Un avis d’ailleurs partagé par le président de l’Arcahaie FC qui avait déclaré lors d’un show diffusé en juillet dernier: ” une semaine d’entraînement nous coûte 50 mille gourdes et le payroll du club s’élève à 600 000 gourdes”.
Rappelons qu’en 2019, l’Arcahaie FC avait reçu une prime de 600 000 gourdes après son sacre.
En résumé, on pratique le fétichisme, on se tue et on commet des actes de violences pour quelque chose qui ne peut même pas assurer le minimum vital pour les clubs. Les clubs voudraient donc gagner à tout prix pour s’appauvrir davantage dans un championnat sans de grands sponsors, avec une pitance au niveau de la prime allouée et des droits de télévision.
Alors, toute cette violence pour ça ? Vraiment !
DOMOND WILLINGTON / FOOTKOLE