JOURNÉE MONDIALE DE LA FEMME : FEMME ARBITRE : LA VRAIE VIE, C’EST QUOI ?
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JOURNÉE MONDIALE DE LA FEMME : FEMME ARBITRE : LA VRAIE VIE, C’EST QUOI ?

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Adoptée officiellement par les NATIONS UNIES en 1977, la journée internationale des droits de la femme est commémorée chaque année le 8 mars. Partout à travers le monde, on parle de l’égalité des droits entre l’homme et la femme. Si dans certains pays, elles sont considérées comme de simples femmes de ménage ou encore celles qui s’occupent uniquement des enfants. En Haïti, les femmes commencent à prendre une proportion considérable dans le corps social. Elles sont avocates, juges, enseignantes, policières, arbitres etc… Cette dernière catégorie se fait de plus en plus remarquer dans les compétitions internationales et attire une grande curiosité. Qui sont-elles réellement ? Quelles sont leurs modes de vie ? Que font-elles en dehors du terrain ?

Elles sont belles, mères de famille, universitaires et pour la plupart très jeunes, mais dévouées à se mettre au service d’une cause difficile, celle du metier de l’arbitrage. Souvent confrontées à d’énormes embûches, elles se donnent corps et âme afin de redorer le blason de cette corporation en proie à de forte sensation discriminatoire aux yeux des spectateurs qui doutent de leur professionnalisme et leur sens de discernement.

Depuis tantôt deux ans, toutes les premières journées du championnat national de première division sont dirigées par des femmes. Une idée merveilleuse. Un coup de génie de la part des responsables de la Cona (Commission nationale des arbitres) d’avoir pensé à instaurer cette philosophie qui vise à promouvoir la valeur, l’importance des femmes dans l’évolution et le rayonnement du football haïtien. Cependant, au delà de l’aspect sportif, elles ont toutes une vie en dehors du terrain, une famille à entretenir et d’autres occupations personnelles. Elles ne se lassent jamais dans la perspective de polissage de leur carrière et de la projection d’une bien meilleure facette de la vie de femme dans une société déséquilibrée qu’est la nôtre.

« Je suis fière d’être femme et femme arbitre »

Falone Dieurisma est arbitre nationale depuis 2013 et devenue arbitre assistant FIFA, 5 ans plus tard. Mariée et mère d’une fille d’un an et trois mois qui, d’ailleurs est sa plus grande source de motivation, cette jeune femme de 24 ans est étudiante en assistance administrative et fait partie de la génération montante de l’arbitrage féminin. « Je suis fière d’être femme et femme arbitre. Même si c’est très difficile, mais avec l’aide de mon mari, j’arrive à faire de mon mieux », a relâché Falone. Elle a ajouté : « Grâce à Dieu, j’avais réussi le test de conditionnement physique à 3 mois de grossesse et au bout de 5 mois, j’ai cessé d’arbitrer pendant un temps. Dans la vie rien n’est facile, si on veut atteindre un objectif on doit consentir des sacrifices. »

Celle qui a rejoint l’arbitrage grâce à un ami, nous confie qu’au début, elle ne voulait pas faire carrière comme arbitre mais, avec le temps, elle prend plaisir dans ce métier. « Je dois dire merci à notre capitaine Wesline Louis. Elle m’inspire chaque jour à travailler plus dur et à faire beaucoup plus d’efforts. Mon rêve le plus cher c’est de voir un arbitre haïtien à chaque compétition internationale, notamment la Coupe du monde » raconte l’originaire du Nord-Ouest. Même si elle pense que les femmes haïtiennes sont sous-estimées, elle reste toutefois optimiste à l’idée de voir un jour les femmes obtenir leur vraie place dans notre société.

La plus jeune ?

Étant la plus jeune femme arbitre, Lanchka Elysée exerce ce métier avec beaucoup d’amour. « J’ai toujours aimé le football, mais quand j’étais en 8e année fondamentale, je jouais au basket-ball. Après mes études classiques, j’ai choisi de devenir arbitre afin de mieux comprendre le jeu et vivre la passion de ce sport. En dépit des difficultés, j’éprouve une énorme fierté quand je suis sur le terrain pour diriger les 22 acteurs. Ma mission c’est de faire appliquer et respecter les lois du jeu », nous dit la cayenne de 21 ans. Étudiante finissante en communication, la jeune célibataire travaille comme secrétaire dans une institution scolaire et est arbitre nationale depuis tantôt deux belles années.

Lanchka Elysée nous présente, entre autres, Wesline Louis comme la prototype de femme modèle haïtienne. « Pour moi, la femme modèle doit avoir un bon niveau intellectuel et le sens du professionnalisme. Elle doit valoriser ce qu’elle fait et tout le monde doit voir en elle l’image parfaite. Selon moi, Wesline Louis en est la preuve », a-t-elle fait savoir. Lanchka souhaite par ailleurs que les femmes reçoivent un meilleur traitement dans le pays, notamment les arbitres qui sont souvent exposées au phénomène de l’insécurité dans l’exercice de leur métier.

L’avenir

Considérée comme l’une des meilleures femmes arbitre à l’heure actuelle, Ronide Henrius incarne l’image de la détermination. À 26 ans, elle fait partie du tiers II de la CONCACAF et l’unique haïtienne à atteindre ce niveau, six mois seulement après avoir été promue arbitre internationale. Cependant, elle n’a pas connu la vie facile au début. « À vrai dire, mes parents et mon copain ne voulaient pas que je sois arbitre et s’y opposaient catégoriquement, mais moi, j’ai du faire mon choix. J’aime le sport et j’aimerais laisser mon nom dans l’histoire du football haïtien », a martelé la jeune femme administratice de FC Toro.

Malgré une belle carrière qui se peaufine, Ronide Henrius a vécu des moments noirs sur ce chemin. « Ma plus grande déception a été l’échec essuyé dans le test de conditionnement physique le 15 février dernier au Costa Rica. Ça m’a vraiment surpris et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi. Maintenant, je travaille avec un coach privé afin de pallier à ce déficit », a précisé celle qui est aussi entraîneure des filles de moins de 13 ans de FC Toro. Elle souligne que son plus grand rêve c’est de projeter une meilleure image d’Haïti. « Je veux qu’avec le temps, je puisse raconter mon histoire aux enfants, aux futurs jeunes. Je veux être l’exemple à suivre » a conclu la native du sagittaire qui entame une cinquième année sur l’échiquier national.

La confirmation

Elle est infirmière et femme arbitre, Anne Marie Joseph s’érige depuis un certain temps comme l’un des sifflets sûrs haïtiens. L’originaire du département du Centre (Belladère) partage sa vie entre le terrain et la clinique où elle travaille comme professionnelle de santé. « Avant, je jouais au football dans une équipe féminine de Belladère. Ensuite, grâce à Eddy Baptiste, j’ai suivi une formation sur l’arbitrage. Sous l’obédience de notre chef Rosnick Grant, j’ai poursuivi ma route et me voilà aujourd’hui : femme arbitre et arbitre internationale depuis déjà un an », nous explique Anne Marie.

Si le 8 mars est consacré aux femmes du monde entier, pourtant cette date laisse des séquelles et des mauvais souvenirs. « Le 8 mars 2017, j’étais arbitre assistant lors du match Don Bosco FC – Petit-Goâve FC au parc Sainte-Thérèse. J’ai été victime d’une agression de la part d’un joueur du FCPG. Malgré les nombreuses dénonciations, aucune sanction n’a été prise », condamne l’arbitre de 29 ans.

« Le déséquilibre et le manque de respect qui prévalent dans notre société, les humiliations que subissent les femmes, les propos malsains lancés à l’encontre des arbitres portent souvent atteinte à leur honneur » déplore Anne Marie. Cependant elle se dit fière d’être femme arbitre et de continuer à nourrir son plus grand rêve qu’est de participer à une coupe du monde et les jeux olympiques.

Dodley Vincent / FOOTKOLE


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