FOOT FÉMININ – SÉLECTION U20: LE VÉRITABLE DANGER DE L’ÉLIMINATION D’HAÏTI
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FOOT FÉMININ – SÉLECTION U20: LE VÉRITABLE DANGER DE L’ÉLIMINATION D’HAÏTI

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On chevauche à chaque fois vers ce mûr toujours pauvrement équipé, mais avec des soldats prêts à mourir sur le champs de bataille. Derrière, une maman et un papa délaissés, un petit frère et/ou une petite sœur qui s’inquiète (Koman lekòl la ye ane saa?) de tout. Il manque d’adjectifs pour qualifier leur bravoure, n’est ce pas ? Avec le minimum, vous espérez à chaque fois qu’elles vont déplacer le pic Macaya, déloger le ciel, mais la question la plus rationnelle n’est malheureusement jamais posée : pourquoi elles se donnent à corps perdu?

Depuis le mois de janvier, on assiste à un déferlement sans précédent, un attachement venu de nulle part à l’équipe féminine U20 qui s’est héroïquement qualifiée pour la coupe du monde de cette catégorie. Hommes et femmes d’affaires, membres du gouvernement, simple citoyen, tous ont d’un coup adopté ces filles. Pour répéter l’adage haïtien : “Yap pran yon ti priz… Yon ti woulib”. Au fait, cette génération est-elle la première équipe féminine qu’Haïti ait connue ? Bien-sûr que non, mais où sont passées les générations précédentes, celles qui nous ont conduit à ce jour ?

 

Ayana Jean-François (Zurich - Janvier 2011)
Ayana Jean-François (Zurich – Janvier 2011)

Où est passée Ayana Jean François, capitaine de la sélection haïtienne U17 qui a reçu en 2010 à Zürich, le Prix du Président de la FIFA décerné à Haïti, après le tremblement de terre ? Où est passée Kensia Destinvil, capitaine des grenadières et meilleure joueuse de la CFU U20 WOMEN en 2015 ? Et tant d’autres encore qui ont fait partie de la sélection haïtienne et qui ont jadis, fait notre joie.. vous ne vous posez donc jamais la question ?

Kensia Destinvil (CFU U20 – Aout 2015)

Vous ne frequentez sûrement pas le championnat national féminin, vous n’avez peut-être pas l’habitude de côtoyer des anciennes joueuses de la sélection nationale. Elles ont consacré plus d’une décennie à défendre leur pays, en retour, elles n’ont reçu que notre ingratitude et notre mépris en récompense.

Vous avez remarqué sûrement des pleurs, des larmes de honte, de tristesse et de désolation. Certainement, vous avez vu qu’elles étaient inconsolables après le match perdu contre le Nigeria. Savez-vous que cette coupe du monde pour la majorité d’entre elles était non seulement un moyen de faire flotter au plus haut niveau le bicolore national, mais aussi, la meilleure chance, l’opportunité unique qu’il ne fallait pas rater afin d’exposer leurs talents aux yeux des recruteurs du monde entier présents en Bretagne dans le but d’empocher un juteux contrat dans un club étranger et avoir la possibilité de sortir leur famille dans la misère ?

La peur de finir comme toutes les autres, la peur d’être consumées par le feu de l’oublie qui probablement s’allumera pour elles d’ici la fin de la coupe du monde. Savez-vous que la majorité des joueuses haïtiennes ayant déjà 20 ans doit mettre un terme leur carrière de footballeuse, et penser à autres choses ? Sinon il y a 80% de chance pour elle d’échouer dans la vie. Il n’y a aucune structure mise en place pour faciliter leur émergence.

Ainsi, l’équipe de FOOTKOLE vous invite à cesser d’être des mangeurs de talents, des rongeurs d’espoir. Offrons à ces jeunes filles un avenir meilleur, donnons aux autres générations une raison de pratiquer le football.

 

Lutherson Léon / FOOTKOLE

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