PERSONNALITÉ – MÉDIA : MICHEL GIRAUD, L’ICÔNE GALACTIQUE
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PERSONNALITÉ – MÉDIA : MICHEL GIRAUD, L’ICÔNE GALACTIQUE

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Michel Giraud, un nom qui en dit long sur les valeurs sûres de la presse sportive haïtienne, une icône nationale, l’archiviste du football haïtien. Du haut de ses 75 ans (76 le 14 décembre prochain), le natif des Cayes continue d’épater plus d’un et prône l’amour véritable pour le métier de journalisme sportif. Ayant à priori l’une des plus longues carrières (46 ans) dans le domaine en Haïti, Michel Giraud est le parfait exemple que cette génération doit suivre.

Nous sommes à la rue Marien (Delmas 31) où une équipe de FOOTKOLE est reçue en grande pompe par un géant, un infatigable travailleur du milieu sportif du nom de Pierre Louis Michel Giraud. Faisant de l’humilité son véritable atout, ce mapou de la presse sportive vit tranquillement sa vie dans sa maison. Sur tous les murs, sont érigées les nombreuses plaques et distinctions récoltées durant sa longue carrière. Les cahiers de note, les journaux et les livres, jonchent içi et là ses tables de travail et ne se détache jamais de cette sphère, qui pour lui, représente la colonne vertébrale, l’épine dorsale de sa randonnée journalistique.

Né le 14 décembre 1942 dans la ville des Cayes, Michel Giraud comme presque tous les enfants haïtiens, n’a pas eu une enfance tranquille et passa cette première tranche de sa vie avec sa mère Estanilia Giraud. Malheureusement, privé l’amour de son père Hubert Rosier qu’il n’a malheureusement jamais connu, il fît ses études primaires chez les frères Sacré Cœur aux Cayes et une partie de ses études secondaires au lycée Philippe Guerrier. En 1960, ses premiers pas dans la vie professionnelle le poussent à suivre un choix de cœur, celui d’être un tailleur tout en étant ce jeune garçon porté par la fougue et bercé par l’esprit imaginatif. Trois ans plus tard, il a épousé Denise Baptiste, ensemble ils ont eu trois enfants : Denise Giraud, encore en vie, Gary Giraud et Micheline Giraud malheureusement ont fait le voyage pour l’orient éternel.

Michel Giraud et l’armée

Au mois de mars de l’année 1962, Michel Giraud allait connaître un tournant dans sa jeunesse. Sous l’impulsion du capitaine Lunel Lindor, il intégra les forces armées d’Haïti (FADH) alors qu’il n’avait que 19 ans. Sa mère fût frappée de stupeur en apercevant ce jeune gamin sortir de la maison un bon matin, croyant qu’il allait à son atelier de couture, et qui revient vêtu d’un costume de militaire. Toutefois, l’impression de sa mère ne le dérangeait guerre, tant qu’il nourrissait cette passion, cette indélébile envie d’intégrer un jour l’armée d’Haïti.

Sa vie de militaire lui a permis de faire quasiment le tour du pays, il passa 10 ans dans sa ville natale (1962-1972), il fût transféré aux Gonaïves en 1972, il rejoint le Nord-Est en 1977 notamment la ville de Ouanaminthe et Ferrier avant de débarquer à Saint Raphaël. Il a été dans le Sud-Est précisément à Jacmel et a été également dans la ville du Cap-Haïtien au début des années 1990. Au sein des forces armées d’Haïti, Michel Giraud a gravi les échelons tour à tour. De soldat première classe à capitaine via les autres étapes, il n’a jamais ménagé ses efforts dans le seul souci de servir sa patrie et d’être utile à la communauté haïtienne.

Un mariage d’amour

Giraud et le sport, c’est une histoire qui se conjugue au passé, présent et futur éternel. Une idylle, qui par sa longévité et la diversité renforcent toujours plus loin le sillon de sa propre légende. Ainsi, l’homme qu’on connaissait déjà comme officier de l’armée n’a jamais pu se détacher d’un monde qu’il côtoie jusqu’à aujourd’hui à la Radio Galaxie. Le Cayen a, en effet, continué à militer dans le domaine sportif et a profité de l’occasion pour pratiquer au sein des FADH d’autres disciplines sportives après le football, tels que : le basketball et le Volley-ball grâce au général Acédius Saint-Louis.

En 1969, Michel Giraud prend des leçons d’arbitrage dans sa ville natale avant de donner plus d’ampleur à cet apprentissage lorsqu’il est allé retirer son diplôme lors d’une formation organisée en 1970 à P-au-P par la FHF, qui à cette époque était dirigée par le “Dr Kiss Jean Mary”. Son premier match en tant qu’arbitre fût soldé sur le score nul et vierge entre le Racing des Gonaïves et le Zénith du Cap-Haïtien en 1972.

Il est à souligner que Michel a évolué au sein de deux clubs de football en tant que défenseur latéral gauche: Venus des Cayes (1960-61) & Méridionale FC (1962-63). Le benjamin de la famille et paradoxalement l’unique rescapé des progénitures de Estanilia Giraud, a été un membre influent de la sélection cayenne de Volley-ball au début des année 70. En 1972, transféré aux Gonaïves, Giraud allait proposer ses services à la Radio Trans Artibonite et devînt par la même occasion le tout premier journaliste sportif dans la Cité de l’indépendance (1972-1977).

Après un arrêt, faute de presse parlée dans ses zones de travail, il a refait surface en 1992 à CITADELLE au Cap-Haïtien avant de devenir correspondant de la Radio Galaxie deux ans plus tard puis, l’intégrer comme journaliste où il travaille à nos jours. “J’ai fait Haïti toute entière”, a martelé le géant pour exhiber sa fierté de son riche parcours. Outre la casquette d’arbitre, la pratique de plusieurs autres disciplines sportives, il convient d’énoncer que Giraud était aussi entraîneur et c’est lui le premier coach de Ouanaminthe FC, une équipe qui peut se targuer de jouer l’élite chaque saison depuis un certain temps.

Pour Patrice Dumont, Michel est l’ordinateur de la Radio (Galaxie)

Comme tout fervent haïtien, Michel Giraud vivait passionnément la première participation d’Haïti à une coupe du monde, celle de 1974 en Allemagne. La première République noire au monde, mère de la liberté étonnait la planète tout entière, lorsqu’un certain Emmanuel Sanon, venu de nulle part, casse le record d’invincibilité du meilleur portier de cette époque “Dino Zoff” au côté de Sepp Maier, lorsque Philippe Vorbe adressa une merveille de passe à l’attaquant haïtien, qui est allé battre d’un sang froid diabolique, le dernier rempart Azzurri pour ouvrir le score dans ce match. La scène est indescriptible, l’euphorie est à son comble.

Michel Giraud remémore encore chaque instant du périple menant à Munich. De la préparation de l’équipe au pré-mondial de 1973 remporté au Stade Sylvio Cator, le vieux briscard rumine sans arrêt le nom de ces héros qui ont amené la fierté noire à son paroxysme. Philippe Vorbe (VAC), Henry Francillon, Guy St-Vil (RCH), Emmanuel Sanon (DBPV), Serge Ducoste mais aussi Ernst Jean Joseph (VAC) qui, pour lui est le meilleur défenseur haïtien de tous les temps.

Sur cette lancée, le mythique homme nous a gratifié d’une anecdote sans faille. Le type de joueur qu’on appelle latéral offensif complet, caractérisé par les montées incessantes dans les 30 derniers mètres adverses, a, selon lui, vu le jour en Pierre Bayonne, le latéral droit du VIOLETTE AC. Cette information est toute, sauf dénuée de sens, quand on constate le profil des latéraux de l’époque : Giacinto Facchetti, Karl-Heinz Schnellinger pour ne citer qu’eux. Et surtout le jeu défensif prôné par les différentes équipes au cours de ces années. Et depuis, coule à flots ces types de joueurs dont Marcelo Jr, Paolo Maldini, Cafu et bien sûr la meilleure paire latérale des années 60 voire de l’histoire avec Djalma Santos & Nilton Santos.

En 2002, persuadé que Dr Yves Jean-Bart a nationalisé le football haïtien, il a débuté une carrière de statisticien. Malgré son âge avancé, il a fait tous les efforts possibles pour collecter les informations sur le déroulement du CHFP. Il a fallu attendre l’ère de FOOTKOLE (2015) pour remédier à ce cas aussi gênant que paradoxal car durant ses treize (13) ans, il était impossible d’avoir des données (classement, résultats) sur le CHFP sans passer par lui (Pierre Louis Michel Giraud). C’est ainsi que lors d’un match du mondial français (1998) diffusé à la Radio Galaxie, l’actuel Sénateur du département de l’Ouest, l’honorable “Pierre Paul Patrice Dumont” s’est dit impressionné par les qualités de ce génie des Cayes et a même déclaré : Michel est l’ordinateur de la radio. Michel Giraud, restera à jamais comme une légende dans toute l’histoire de la presse sportive haïtienne.

Dodley Vincent – Emmanuel Auguste / FOOTKOLE


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